La politique de Donald Trump qui vise à interdire les programmes prônant la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI), auprès des entreprises qui font affaires avec le gouvernement américain, aurait déjà des répercussions dans la communauté LGBTQ+ de Toronto.
Deux quotidiens de Toronto ont dévoilé jeudi que trois commanditaires de Pride Toronto ont pris leurs distances face à l’évènement. Selon la direction de l’organisme chargé d’organiser chaque année les festivités annuelles de la communauté LGBTQ+, ce mouvement serait lié à certaines politiques de la nouvelle administration américaine.
« Cette perte de commanditaires signifie qu’il y aura moins d’argent à consacrer au festival», explique Kojo Modeste, à la direction générale de Pride Toronto. «Cela aura un impact sur le festival». Un manque à gagner d’environ 300 000$ sur un budget de 7,5 millions ça ne semble pas énorme… et ne mettra pas en péril l’existence de l’organisme ni la tenue de l’édition 2025. «Mais la réalité est que les coûts de production — fournisseurs, sécurité — d’un événement comme la fierté ont augmenté grandement à chaque année depuis la pandémie et qu’ils vont probablement augmenter encore cette année. Il faut garder cela en tête. »
Pride Toronto n’a pas souhaité dévoiler quels commanditaires se sont désistés, exprimant le souhait que ces derniers reviennent sur leur décision prochainement, mais un porte-parole de Nissan Canada a confirmé que l’entreprise prenait du recul. Pour justifier leur décision, Nissan et les deux autres commanditaires auraient invoqué un « changement de mandat » ou un manque de ressources financières.
Cela dit, d’autres commanditaires importants ont réitéré leur soutien, dont TD, Air Canada, Rogers, Smirnoff, Tim Horton et OLG (les loteries ontariennes). Et le comité organisateur de la fierté est en contact avec ses autres partenaires afin de trouver une solution.
Kojo Modeste affirme que si les éléments populaires de la Pride sont évidemment importants et centraux dans la raison d’être de l’événement, l’impact économique du festival est également crucial pour de nombreux artistes et pour presque tous les propriétaires d’entreprises queer de la ville Reine.
« Les aspects du mouvement populaire, cette partie de la Fierté ne sera jamais perdue, car quel que soit les budgets, nous continuons à organiser nos rassemblements de gais, lesbiennes et de transsexuels qui sont si important pour la communauté », explique Kojo Modeste, rappelant que «de nombreux artistes et entreprises queer tirent une grande partie de leurs revenus des événements de la Fierté. L’équipe de Toronto Pride va continuer à travailler sur une approche holistique».
Et à Montréal?
Le directeur général de Fierté Montréal, Simon Gamache connaissait depuis un mois les inquiétudes de son homologue torontois, selon LaPresse « C’est sûr qu’il y a ici aussi des craintes, mais pour le moment, on n’a rien perdu. Au contraire, certaines entreprises ont exprimé leur désir d’augmenter leur aide à cause du contexte actuel.»
Il serait même possible que les revenus liés à la participation au défilé soient en croissance cette année. Rappelons que les entreprises qui prennent part au défilé avec leurs employés obtiennent une grande visibilité. Une présence accrue de ces groupes pourrait être une façon d’appuyer l’évènement qui aura lieu cette année du 31 juillet au 10 août.