Jeudi, 14 août 2025
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    Petit lexique lesbien : Futch, Butch, Femme…

    Dans la nomenclature, voire la sous-culture lesbienne, les termes sont parfois éloquents, parfois trompeurs. Entre théorie et réalité, petite exploration non exhaustive du lexique lesbien 101.

    Née en 1980 et m’étant particulièrement intéressée aux théories féministes et lesbiennes antérieures et contemporaines à ma naissance, j’ai plutôt baigné dans la culture butch/femme (ou fem). Cette dichotomie d’une femme plus masculine avec une femme plus féminine a marqué les représentations qui m’ont été données de voir. Cinéma, littérature (lesbian pulps), arts visuels, j’y ai longtemps perçu la relation butch-femme comme correspondant aux dynamiques stéréotypées entre les deux identités sociales et sexuelles lesbiennes socialement véhiculées dans la société hétéronormative. Pour ma part, dans mes attirances personnelles, je préfère la dynamique femme/femme (même si elle est toute autant stéréotypée, notamment dans les pornos hétéros). Les excès romantiques d’une femme butch ne me font pas « fondre » : j’y vois davantage une transposition des codes hétéronormatifs. Je me souviendrai de ce bouquet de fleurs reçu au travail avec une lettre d’appréciation.

    Premièrement, je n’aime pas recevoir des fleurs (comme l’idée de les couper pour les offrir et les voir faner sur ma table de cuisine). Deuxièmement, bien que j’aie l’air d’une femme straight – on me le dit si souvent- les démonstrations romantiques liées aux clichés hétéros m’agacent. En fait, je crois que je suis butch dans ma tête, mais pas dans le look. Quand j’étais jeune, j’étais plus masculine; sportive à fond, je cachais mes atouts féminins. Peut-être même que j’aurais utilisé le terme futch, pour me décrire, à l’époque. Mais dans les années 90, on n’en parlait pas vraiment dans le Québec francophone, même si des études révèlent que le terme était en usage modéré dans la communauté dyke à l’époque). Le vocabulaire change, au rythme des mœurs, de nos apprentissages et expériences.

    Au fil des ans, en théorie, comme en pratique, et en discutant avec des amies sur le sujet, j’ai été surprise de voir à quel point la culture hétéro/homo, francophone et anglophone, c’est deux mondes (ou quatre…). Deux solitudes (ou plus…) Et lorsque vous jouez avec les variables et les termes, c’est tangible. Beaucoup d’hétéros pensent pouvoir appliquer leur lexique « universel » aux autres populations, mais le fait est que la réalité de cesdites populations n’est pas du tout la même! Par exemple, si on prend une femme hétéro et une femme lesbienne, toutes deux Power Bottom, bien que l’on décèle un comportement sexuel similaire, le fait est que le/la partenaire (homme vs femme vs autre) n’est pas similaire, par son éducation, qu’elle soit sociale ou sexuelle et donc l’expérience du « même » terme sera très différente. Les personnes LGBTQ+ savent ici de quoi je parle, car elles ont passé leur vie à transposer : regarder des films « hétéros » et « transposer » le couple homme/femme à l’écran selon leurs envies, leurs fantasmes, alors que les hétéros, au contraire, se sont toujours vu exposer leurs fantasmes au grand jour. Inévitablement, bien qu’on utilise parfois le même lexique, ce n’est certainement pas pour décrire la même expérience. Le comportement peut être similaire, mais il n’en demeure pas moins que les acteurs ne jouent pas le même rôle, puisque n’ayant pas eu le même scripte, au sein du même film, dans la même langue. Ou devrais-je dire langage?

    Je vous invite à consulter le Lexique sur la diversité sexuelle et de genre, produit par le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Publié en 2023, par le gouvernement du Québec, ce lexique revient sur les termes fondateurs et prouve, par le fait même, l’intention des décideurs d’éduquer la population sur le sujet. Éduquer à la différence est certainement la base d’une politique de lutte aux LGBTQ+phobies. Alors que nous nous apprêtons à célébrer, le 17 mai prochain, la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie (et les LBQ+ phobies), souvenons-nous qu’utiliser les bons mots pour nous décrire et transmettre nos expériences est capital dans une éducation à la différence. https://www.quebec.ca


    Petit lexique lesbien 101

    Butch : Désigne généralement une lesbienne dont l’allure et les manières sont masculines. (Source : Mémoires Lesbiennes (1996) de Line Chamberland. Voir l’ouvrage pour une définition plus exhaustive).
    Femme/Fem : Une personne « femme » qui est plus féminine en termes d’apparence, de style et d’énergie.

    Futch : Terme amalgamant femme et butch, utilisé pour décrire une femme lesbienne, bisexuelle, queer, cisgenre ou transgenre (ou un individu non binaire aligné sur le féminin) qui présente un mélange de traits féminins (femme) et masculins (butch). La futch se présente généralement d’une manière neutre ou androgyne, sans aller trop loin vers le masculin ou le féminin, ou parfois se présente plus fortement féminine et plus fortement butch à d’autres moments. (Source : https://www.urbandictionary.com/ )

    Dyke : Terme d’argot utilisé pour désigner une lesbienne. Il s’agit à l’origine d’une insulte lesbophobe visant les femmes masculines, butch ou androgynes. Sa signification a historiquement été péjorative, comme le terme gouine en français. Une réappropriation aura cours dans les années plus contemporaines, comme le terme queer. (Source : Wikipédia)

    Lesbienne Lipstick : une femme d’apparence très féminine (d’où le port du rouge à lèvres).
    Lesbienne Stem : Dans le contexte de la communauté LGBTQ+, une « stem » est une personne noire ou latino-américaine qui est à la fois « stud » et « femme ». « Stud », terme qui remonte aux années 1960, était utilisé comme synonyme de « butch » dans les communautés noires et latines. (Source : Weareher.com)

    Top : Le top est généralement une personne plus dominante au lit qui préfère donner du plaisir sexuel plutôt que d’en recevoir. Bien sûr, comme dans toutes définitions, une diversité de réalités sont présentes et le spectre des préférences sexuelles lesbiennes est large.

    Power Bottom : Personne dominante qui trouve du pouvoir en recevant du plaisir sexuel de la part d’un partenaire. Malgré les apparences, le Power bottom sait ce qu’il veut, contrôle le sexe, et renverse le scénario hétéronormatif conventionnel.

    Bottom : souvent appelée une « princesse de l’oreiller » a tendance à être plus soumise et préfère recevoir du plaisir sexuel plutôt que d’en donner. L’expression « princesse de l’oreiller » s’explique en partie par l’hypothèse selon laquelle les « hard bottoms » sont généralement les partenaires les plus féminins, mais ce n’est qu’un stéréotype.

    Switch (interrupteur) : Généralement heureuses de donner ou de recevoir du plaisir, en fonction de leur partenaire ou de leur humeur. La plupart des femmes LGBTQ+ font partie de cette catégorie : certaines ont un penchant pour le bottom, d’autres préfèrent le Top, mais toutes sont heureuses d’osciller dans un sens ou dans l’autre. (Source : Weareher.com)

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