Qualifié de plus longue série de science-fiction de tous les temps, Doctor Who se distingue en ayant toujours mis à l’avant-scène un personnage titulaire excentrique, complètement affranchi des codes sociaux humains. Évidemment, l’intensité de ces transgressions sociales évolue au fil du temps et a franchi une nouvelle frontière, en 2023, avec un Docteur qui est noir et queer.
Bien évidemment, certaines incarnations antérieures du personnage avaient déjà effleuré ces eaux, mais sans jamais y plonger aussi résolument. On peut penser au Dixième Docteur, interprété par l’incroyable David Tennant, qui déclare qu’Isaac Newton est super sexe et qui flirte régulièrement avec Jack Harkness (John Barrowman), sans que jamais rien ne dépasse les frontières du sous-entendu. Si vous êtes interloqué.e par la mention d’Isaac Newton, sachez que le Docteur possède une machine à voyager dans le temps et l’espace, le Tardis, qui permet toutes les libertés scénaristiques imaginables.
Mais, comme le dit si bien Yvon Deschamps : « On veut pas l’savoir, on veut l’voir. » C’est en 2023 qu’un changement radical se présente, dans l’épisode 6 de cette troisième série, alors que le Quinzième Docteur (Ncuti Gatwa) tombe sous le charme de Rogue (Jonathan Groff), un chasseur de primes du futur, avec qui il partage un baiser passionné ainsi qu’une alliance. À noter que, dans la même veine queer, l’épisode 2 (« The Devil’s Chord ») nous présentait Maestro, une antagoniste (interprétée par la spectaculaire drag queen Jinkx Monsoon), qui souhaite tuer dans l’œuf les sources d’inspiration des Beatles.
Bref, un contexte prometteur pour une seconde saison dont le premier épisode annonce déjà ses couleurs, avec une menace qui semble mettre en péril l’existence même de la planète Terre. Cet épisode implique un conflit entre une civilisation humanoïde, une intelligence artificielle incapable de comprendre toute notion de deuxième degré, un brin de machisme et toute une série de paradoxes temporels.
Est-ce que le cocktail est parfait ? Non, puisque les heures de gloire de la série se cantonnent pour le moment entre les mains du Neuvième (Christopher Eccleston), Dixième (David Tennant) et Onzième Docteur (Matt Smith), dont les épisodes se distinguaient par des arcs narratifs particulièrement bien ficelés. Depuis lors, on retrouve régulièrement des épisodes dont la prémisse, bien que galvanisante, tourne bien souvent en queue de poisson dans leur dernier tiers.
Malgré ce bémol, il n’en demeure pas moins que la série continue de nous offrir de nombreuses pépites et qu’elle constitue le fer de lance d’une science-fiction profondément déjantée, à la fois humaniste, drolatique et flirtant parfois même avec l’horreur, comme on en voit trop rarement sur le petit écran !
INFOS | Les huit épisodes de Doctor Who sont présentés,
en anglais et en français, sur Disney+.